Valeriu ANANIA
Agonie

Eli, Eli,
comme il est engourdi le triomphe de mourir !

Voilà,
j’ai cloué mes limites dans le bois.
Et je m’entraîne à mon haut-égo
dans une ressurection prolongée,
comme une cascade renversée
à un signe tout simplement.
Avec des lances à peu près
moi je me glisse de la croix et je me soustrais.
Dans leur dernier tressautement
les pieds se sont détachés des clous
et se raréfient subtilement
et ils gravient.
De ces paumes crispées
que de grandes ailes poussent sur la cité,
et comme elles poussent toujours,
Eli, Eli,
au dessous pleines de nuit
au dessus pleines de jour !
Sous les paupières tombées
le regard se détache comme il n’a pas été.
Et le cœur s’est arrêté. Quel abri
de l’infini est maintenant
un pauvre cœur !

Eli, Eli,
comme il est lent le triomphe de mourir
tout entier, complètement,
complètement !
Etonnées, se sont figées
les mains
les cuisses
les yeux
l’ouïe
et le cœur.
De tout ce qui une fois a gargouillé en moi
rien ne se réveille pour me faire souffrir.
Ce n’est que le front, blanchement encerclé en soi,
Qui s’agite muet et ne veut pas mourir.

Pietà

Toutes les mères meurent,
mais la mienne
c’est pas possible qu’elle entre dans la terre.
Eteignez les flambeaux,
prenez la monnaie de sa paume.
Son âme brûle
parmi toutes les douanes d’une vie.
Comme elle est petite, voyez-vous ?
Le trône est devenu inutile.
Elle s’est étreinte sur ses joies
comme une poupée
sur un cœur d’enfant.
Laissez-moi la prendre dans mes bras,
bien l’embrasser
ainsi
comme un jouet divin
l’ammener chez papa.

      Anamnèses
Aux environs du sommeil

Aux environs de mon sommeil il faut que tu marches lentement
comme l’herbe de la mer en marge de la lueur,
comme les pointes de la lune parmi la hêtraie.
C’est l’heure quand l’adroite salamandre
se trie des bourgeons du début
et, mesurant son temps de prêt,
la couleur de l’arc-en-ciel l’arrange
avec celle du bon vin décru.

Reptile chaleureux, gardien au rêve !

Comme viennent les âmes de superstition à la porte
attraper le destin dans le corps le plus aimé,
ainsi depuis toujours les paroles errantes
viennent à bout d’être personnifiées
dans le bercail de ma nuit ne viennent au monde
que celles pleines de nuptial vêtement,
ne discourant mais issues d’une Parole
et devenues des noms.

Reptile chaleureux, au rêve surveillant !

Y a tant de monde qui n’a pas de nom
et que d’éden au ciel des choses non-réalisés,
car toutes ici me semblent-elles bourgeonnements
des genèses posthumes.

Et c’est pour ça qu’en mon sommeil on marche lentement,
car si la salamandre va mourir
sous ton pas lourd et grossier,
un rejeton toujours va se tenir
de petits bourgeons descendus dans le temps
dans ton sommeil il va entrer comme une épine
d’une part de l’autre part il va bouger
et tu n’aurais du calme à jamais.

Anamnèse

De prime abord je vous ai appelé avec de nom
pour que la être parmi vous va bien rester
aussi pesante comme dans la première semaine
quand l’un et l’une à la file vous vous êtes réveillés
en vous appelant, et l’un après l’autre,
comme des fleurs allumées depuis ce moment
se gênant de leur propre parfum
et débauchées en lui à jamais.

Comme un corbeau dans l’air les moments passent
avec des ailes pleines de neige.
Il fait ici la nuit, là-haut c’est une grande fête
et les bordures du vol je les sirote
en grand embrassement, l’un sur l’autre,
bien jumelant arômes et couleurs.
Un crépuscule flambant, des aubes crépusculaires
se tiennent main à main en danse et tréssautent.

Traducere franceză de Coca SOROCEANU

 



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