LA MÉTAMORPHOSE
Voulant oublier, un soir calme, tous mes sens dans les lys plongèrent...
Il me semblait, malgré moi-même, vivre une vie nouvelle près
De ces lys qui étaient mes frères, car dorloté par la
lumière,
Je tendais mon calice allègre vers une larme de rosée.
Rêvant, je vivais près d’eux-mêmes, et si blanc au clair
de la lune
Qu’à peine dessinais-je une ombre quand me berçait le vent
badin,
Mais chaud était mon coeur paisible, plein de bonté et de fortune
Qu’à mon tour pour orner la terre je revenais d’arôme plein.
Mais tout à coup une main pâle, dont l’ombre faisait peur aux
fleurs,
Comme incitée par une force fatale et inconnue à moi,
S’est tendue, hostile, à me rompre, et, plus tard, sans nulle douleur,
Dans le silence de ta chambre je mourais la seconde fois.
Quand le sommeil et la fatigue fermaient doucement tes paupières
Et de ta bouche un beau sourire volait vers mon calice frêle,
Moi, poussière d’or bien légère, je me mis à
gagner l’éther,
A la recherche d’une forme parfaite et en tout éternelle!