POEME ROMÂNESTI ÎN LIMBI STRĂINE 
 



Tudor ARGHEZI   


    De cache-cahe

Mes très chéris, une fois je jouerai
De quelque chose chocant, singulier.
Je ne sais pas, mon père, quand ça sera,
Décidément, nous jouerons une fois,
Une fois, peut-être, après le coucher.

C'est un jeu de vieux, rusé et adroit
Avec des enfants comme vous, des fillettes, comme toi,
Jeu de laquais ou de souverains,
Jeu d'oiseaux, de fleurs, de chiens,
Et chacun le joue très bien.
Nous nous aimerons sans faute et toujours,
Réunis à la table, heureux,
Sous les toitures de Dieu.
Mon pied sera raide un jour,
L'oil éreinté, la langue effilochée, la main dure.

Le jeu commence lentement, comme le vent.
Je rirai, je ne soufflerai mot,
A la terre je me coucherai.
Sans paroles je resterai
Par exemple, près d'un abrisseau.

C'est le jeu des pages Saintes de la Scripture.
Ainsi a joué Jésus Christ, le Seigneur
D'autres encore, en froid et chaleur,
Qui dans quelques tremblements
Ont fini ce jeu, merveilleusement.

Vous ne saurez pas trop affligés
Quand on me prendra pour m'apporter loin
Et me fera une sorte d'enterrement
Dans la terre dure ou raréfiée.
Ce jeu par la mort toujour a commencé.

En sachant que même Lazar c'est ressuscité
Vous ne devez pas être fîchés, attendez,
Comme si rien ne s'est-il passé
De trop nouveau ou de trop singulier.
Là, parmi les frères, je m'en souviendrai.

Le père vous a apporté de soin ,
Des vaches, des granges il vous a laissé
Des pîturages, des huttes, des moutons,
Pour n'importe quelle nécessité
Même pour manger.

Tous seront ressuscités et reviendront
Un jour, chez leurs enfants, à la maison,
A leur femme, qui file et qui pleure,
A leurs bêtes et moutons,
Comme les vivants, les travailleurs.


Grandissez-vous, mes enfants, en santé,
Vigureux, espiègles, en bonne volonté,
Comme depuis des années.
Le père manquera, mes princes charmants,
Presque un mois, pour le moment.

Un petit retard sera, après,
Qui grandira toujours sur terre,
Le père n'aura plus de capacité
De venir à pied, au temps demandé,
De l'autre univers.

Et vous, vous êtes grandis,
Vous vous êtes mariés, déjà,
Vous êtes des érudits,
Maman tricote des vestes et des bas,
Et lui, n'est pas venu, papa.

Mes petits, mes enfants, mes poupons,
Le jeu c'est comme ça.
On le joue en deux, en trois,
On le joue en combiens nous voulons.
Qu'il soit brûlé, ma foi!

Du vol . Cuvinte potrivite (Mots assortis), 1927.
Traduction en français par:  Coca SOROCEANU



Home