George BACOVIA



Valse d’automne

Aux vitres joue l’automne funéraire
Une valse monotone, endeuillée…
Dans le salon venez, ma bien-aimée,
Valser d’après la plainte mortuaire.

La résonance musicale est claire
Dans le parc solennel d’autrefois –
Des instruments plaintifs, en bois,
Sort une plainte funéraire.

Le rythme de la valse se tempère;
Vous embrasser laissez-moi maintenant…
Valsons, ma bien-aimée, en sanglotant,
D’après ce chant d’automne mortuaire.


Ailleurs

Qu’il soit maudit aussi, l’automne
Et la feuille tombant sur nous –
Qu’il soit maudit aussi le bourg
Morose et où il pleut beaucoup…

Cité, – l’abrit de la phtisie –
Te couvrent des neiges polaires…
Dans tes bras s’éteint, en toussant,
Le beau poète poitrinaire…


Pastel

Adieu, la feuille tombe
Jaune pareille à toi –
Adieu, ne pleure plus
Et surtout oublie-moi.

J’ai vu la bien-aimée
Au loin s’évanouir
Et dans l’automne vide
J’appelais en délire…

Reste et caresse-moi
Avec ta main mignonne
Et dis-moi pourquoi la
Feuille tombre en automne…


Crises

Triste, derière un arbre reste
La lune déserte, blêmie –
L’arbre s’ébranle au mauvais vent –
Je sens des frissons de folie.

Une ombre marche en marmonnant…
C’est homme, donc; ça m’est assez.
Nous nous étranglerons l’un l’autre:
Lui – affamé, moi – rassasié.

Cette fois, il m’a évité,
En me craignant, certainement…
Sur la lune pâle, déserte,
L’arbre s’ébranle au mauvais vent…


L’automne

Les pianos soupierent dans la ville...

Dehors il fait un temps de plomb.
Le vent dissipe la pluie dans le bourg –
Tombent les feuilles de l’automne
Et en grand nombre sur des routes courent.

Un poète malade, attaqué,
Attend en toussant aux careaux.
Une fille, derrière les bareaux, en pleurant,
Regarde pareille à la lune à travers des rameaux.

Elle pleure… bien pâle il se perd
Dans la bourgade sauvage et sévère;
Ce tableau passant pour antique
Et, à la fois, plein de mystère!…


Traducere de Ion ROSIORU




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