Veronica BALAJ

L’arche de Noé

Refusés par Noé

sur son arche,

des femmes et des hommes

montent une montagne

restée au-dessus des eaux

Michel-Ange

vient de l’élever

entre néant et peur

une femme porte

ses biens sur son dos

une chaise, un entonnoir

sa propre figure

quand il ne possédait pas

la science de s’élever vers le ciel

(les débris du monde

ont le temps mesuré)

accrochés à l’espoir

des femmes et des hommes

montent et montent

vers une aurore désirée

Dieu demande

en écho

vous n’êtes pas encore arrivés?

 

L’oeil du Florentin

L’ombre de ton oeil,

mon Florentin,

prend feu en moi

femme

jaillie dans la lumière

du signe secret

de quelques héritiers

de l’arche de Noé

suspendus à présent

d’une manière rhétorique

du plafond de la Sixtine

ton regard, mon Florentin,

embrasse

eaux et glaise

exultant en moi

des confessions

acharnées par le froid

sur une mort

séduite d’une manière hypocrite

mon Florentin

j’ai réellement soif

ton regard craque

en saignant

dans les miroirs du monde

 

Anniversaire et manque de chance

à Medana-Patricia

Le jongleur

au rôle principal

arrive

je fête

tous mes anniversaires

en même temps

et je reste

dans le cadre des flammes issues

de ses mains

spectacle en plein air

au manque de chance

le goût des mots

mûrs

dans un cognassier

et un pommier

à la graine tombée

d’Eden

même dans mon carré

existentiel

une partie de la peur

tremble

comme une feuille en couleur

prêt à être machée

dans la solitude

les invités, aux gestes profonds

et des souliers qui dansent,

se tassent, chantent et miment

un tableau en mouvemen, réussi

le miaulement d’un chaton

gratte la chair de la nuit

et cherche de la nourriture

les secondes arrivent, sans freins

ensemble des plusieurs directions

s’amusent

quelle nuit! quelle vie

brûlant!

 

Identité

Etendue comme une chaîne précieuse

au con d’une femme raffinée

la mer, hier soir,

éclata en pleurs

à la frontière entre

les hommes et les dieux

les pieuvres se troublent

et des poissons obèse

le roi Solomon

n’est plus

pour dresser

des murs des vagues

pour le temple

de Dieu

couronnes dominicales

et des piliers aux grenades en fleurs

au sommet

chancellent

le rythme de mes pas

résonne derrière moi

par l’armée de Jéricho

sur ce chemin

épelé

par la solitude

je n’ai que des bassines

des cuiseurs, des cuillers

où verser

la mer

si elle fond

et une maison gardienne

aux fenêtres d’air

des grains rituels

pour les enfoncer

dans les yeux de la mort.

 

 


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