POEME ROMÂNESTI ÎN LIMBI STRĂINE

 

 

Veronica BALAJ

 

 

En glissant joliment à travers l’ouïe des descendants

 

Des heures précises

au diadème

je les ai reçues

pour

mon voyage dans le monde

je suis

un point

brûlant de passion,

dans un cercle

qui tourne en ronde

en faisant du bruit;

un vrai plaisir;

pêle – mêle,

dans un jeu inassouvi sautent

des poissons baveux,

huîtres rusées,

chevaux cochers bureaucrates

fantômes couverts de pommades

visqueux

femmes sans seins

modistes,

mouches, amants,

pluies, stratégies,

bébés, officiers sévères

un panorama existant

toujours nouveau,

dans ma robe de soir,

des herbes temporelles

je compose,

un chant joyeux

un chant doux

qui glisse joliment

à travers l’ouïe

de mes descendants.

 


Navigations

 

Le temps de naviguer

en quête

de la laine d’or

est venu

nous attendions le départ,

les souvenirs, fixes

sous les cils

comme des lichens sur les arbres

ne sont pas trop lourds

les bâtisseurs de navires,

avaient encore

quelques clous

et des jurons

pour les fixer

dans la semelle de la mer

personne

ne savait que la femme

d’un bâtisseur

a donné naissance

à une fille – sirène

dont le visage

ressemblait

à ses rêves

tous continuaient

à mordre

de la chair des nuits obscures

en espérant que Zeus

en échange

de quelques hosannas et

prières hypocrites

désire leur montrer

où est la gourde magique

pleine d’eau vive

et une carte,

aux chemins et raisons

qui parlent d’un monde

qui va venir.

 

 

Rôle principal dans un spectacle décadent

 

Je porte un drôle chapeau

aux rubans, fruits

et clochettes

dans ce village

presque désert

les maisons sont petites

les fenêtres comme mon oeil

gauche;

je suis invitée d’honneur

à la foire annuelle

où l’on vend

la source en morceaux

tordus dans la ficelle

transparente – jaunâtre

une lunette par laquelle

on voit le monde

étrange et gai, bizarre,

on peut désirer gratuitement

un litre de jus de tomates

les chèvres font du bruit

en appelant le crépuscule

quand elles vont se coucher

pour deux sous

on part à l’aventure

dans des barques en papier

d’où le même mot écrit

est chassé

par les vagues

la maison d’en face

est toute verte

on dit que son maître

est fou,

il rit comme dans un rituel

qu’il connaît par coeur

il donne de la monnaie

de ses poches

à tous qu’il

rencontre sur son chemin

et sur sa chemise

il a collé

sa photo

du temps où

il fumait la pipe;

le coassement des grenouilles

dans les herbes

sonne comme une litanie refusée.

 


 

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