Constanta BUZEA



la plante la mémoire

Si nous savions
le mur de larmes de quartz
les souvenirs des autres

anéanti le sable du sang
s’évanouit la lune souveraine
amollisant nos corps

des serpents pleine d’épines
l’ombre la plante la mémoire
dans un sec endroit du passé

la langue de nausé on meurt
petit à petit
pendant que tu te tais

pendant que tu pleures au sommeil
c’est le gouffre qui pense
à toi


le fief aux fleurs

poche pleine de vent
enfant de mes mots
pennage et poussière de ciel

portant en secret
des ailes immenses
on a sommeil et a pité d’elles

les doigts tout fébriles
de ma main caressent
ta douce crinière de sel

c’est l’herbe fanée au soleil
l’arôme de rêve
que toi mon amour te rappelles

là-bas dans les monts
nous prendra le sommeil
convoité par un lit tout en verre

des bouleaux-coudriers
avec toi s’amusent
dans leur ombre épaisse miel vert

sacrée de pollen
se sera recouverte
dans notre maison l’araignée

souvenir d’un cheval
prosterne-toi calme
devant son contour de fumée

le fief aux fleurs
en un étrange puisoir
descend vers l’amas de rochers

je pense en riant
que je tombe en fontaine
afin que tu puisses pleurer

ô quel jeu rameux
en ce simple habit
un blanc immaculé en l’air

voilà de longs trains
roulant vers la plaine
déchirant tout entier le mystère
peut-être quand même
allons-nous deux boire
au festin qui aura lieu bientôt

tout en nous scrutant
les paupières closes
du moût de raisins dans des pots


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