POEME ROMÂNESTI ÎN LIMBI STRĂINE
Traduttore – traditore
sau
Intrecerea cu originalul
de pe coordonatele limbii franceze
MIHAI EMINESCU (1850-1889)
Oferindu-se cu greu transpunerii într-o altă limbă, Luceafărul eminescian– acest centru de foc al maturitătii poetului nostru nepereche – devine piatra de încercare a oricărui traducător, în năzuinta sa creatoare de apropiere de un model ideal, arhetipal, după ce va fi trecut pragul atât de labil între tălmăcire si răstălmăcire.
Ca in orice act de creatie si în cazul traducerii (mai ales de poezie) putem vorbi despre acele flaubertiene „ chinuri ale creatiei ”/ „ les affres du style ” născute din lupta cu îndărătnicia altei limbi, în încercarea de a edifica o situatie contextuală nouă , pe alte coordonate lingvistice (în cazul nostru, ale limbii franceze).
Cea mai veche problemă iscată de transferul interlingual a fost dintotdeauna optiunea traducătorului fie pentru o traducere literală, filologic fidelă , respectând structura lexico-sintactică a textului original si mergând până la mentinerea topicii propozitiilor si frazelor, fie, din contră, optiunea pentru o tălmăcire liberă , perifrastică, circumscrisă semantic textului original, vizând să reconstituie cu prioritate „culoarea locală”, atmosfera poetică a acestuia. Dacă o traducere literală, juxtalineară reconstituie în altă limbă o operă oarecum inertă, incoloră si insipidă, în schimb, răscolirea tuturor registrelor stilistice de expresivitate (mergând până la violentarea normelor) urmăreste ca, în final, produsul obtinut în limba-tintă sa fie un echivalent artistic al operei primare.
Intrucât perfectiunea poemului eminescian îl plasează la granita subtilă între poezie si muzică ( ut musica poesis), încercarea noastră a urmărit transpunerea acestui cantec pe portativul limbii franceze păstrând totusi o proportie justă între fidelitatea semantică si cea expresivă, aceasta din urmă reclamând respectarea elementelor prozodice fundamentale ale originalului si anume: ritmul iambic „suitor”, rima simplă, încrucisată si măsura de 7/8 silabe de inspiratie folclorică. Din această „potrivire” aproape perfectă a numarului de silabe în ambele limbi poate rezulta impresia de muzicalitate, de armonie fonică, de răspuns „in ecou” a variantei noastre în limba franceză.
Cât despre ritmul iambic, cei ce studiază prozodia îl consideră a fi mai adecvat unei dezvoltări ritmice de natură lirică, etalând mai fidel sentimentul, pasiunea, intimitatea. Nu intâmplător, Eminescu însusi îl considera ritmul cel mai propriu să exprime ideile si sentimentele:
„Dar versul cel mai plin, mai blând, mai pudic
Puternic, (...) e de-a pururi iambul . ( Iambul )
LUCEAFARUL (1883)/ HYPERION
Partea a doua < Cobori in jos, Luceafăr blând….>
( Strofele 25 – 43 )
Deuxieme partie: < Descends, doux astre qui luis…>
Inobservés, les jours passèrent
Quand, de nouveau, le soir,
Hypérion aux rayons clairs
Revient au– dessus, la voir.
Elle se rappelle comme par magie
Le prince des vagues, en rêve;
Une vive passion inassouvie
Du fond du cœur s ′élève:
< – Descends, doux astre qui luis,
Sur un rayon te glisse,
Entre chez moi, dans mon esprit,
Que ma vie s′éclaircisse !
Lui, de là– haut, en l′écoutant,
Il s′est éteint sur place.
Le ciel se meut en tournoyant
Quand il quitte son espace.
Des flambées rouges et éthérées
Le monde entier embrassent.
Par le chaos et ses vallées
Un beau jeune homme passe.
Dans ses noirs cheveux luisants
Sa couronne miroitait.
Il s′avançait tout en étant
En feu solaire baigné.
Son noir linceul laissait sortir
Ses bras de séraphin,
Pensif et triste se voit venir
Et pâle comme un saint.
Mais ses grands yeux sont fascinants
Dans la nuit noire luisent,
Comme deux désirs turbulents
Ils brillent , hypnotisent.
< – A grand-peine, encore une fois,
J′ai dû quitter ma sphère…
Car le Soleil est père pour moi
Et la Nuit est ma mère.
– Viens, abandonne ton univers
Pour moi, merveille douce,
Je suis Hypérion – Vesper
Et je te veux épouse.
– Viens, que j′accroche à tes cheveux
Etoiles étincelantes.
Dans mes espaces je te veux
Parmi elles – plus brillante.>
< – Oh, tu es beau comme d′un rêve
Un démon surgirait,
Mais, sur la voie que tu relèves ,
Moi, je n′ irai jamais.
A cause de ton amour j′ai mal
Aux yeux et à mon cœur,
Car ton regard paraît spectral
Et tes yeux me font peur.>
< – Comment pourrais-je accéder
Chez toi qui es mortelle?
Tu ne pourrais pas accepter
Que je suis immortel? >
< – Je ne cherche pas de mots sacrés
Je ne saurais que dire,
Bien que tu parles a ma portée
Je ne comprends tes dires.
Mais si tu veux en vérité
Que je m′éprenne de toi,
Viens, abandonne l′éternité
Et sois mortel, comme moi.>
< – Tu veux mon immortalité
Qu′ à ton baiser réponde?
Je vais, sans doute, t′assurer
De ma passion profonde.
Je vais renaître du pêché
Changeant ma foi et loi,
Mon vieux serment d′éternité
Sera quitté – pour toi >
Il s′éloignait de plus en plus…
Pour un amour terrestre.
Et quelques jours il disparut
De son royaume céleste.
a
Mic florilegiu de traduceri din liric a eminescian ă
FIIND BĂIET, PĂDURI CUTREIERAM (1878)/
QUAND J′ ETAIS GOSSE, JE ME PERDAIS SOUVENT…
Quand j′ étais gosse, je me perdais souvent
A travers bois, longeant source et bordure,
Je m′ accoudais la tête tout doucement,
Pour écouter les ondes et leur murmure;
Par les rameaux passait un frémissement
Et une odeur venait de la verdure.
J′ y suis resté ainsi des nuits entières,
Accompagné en douce des vagues– sorcières.
La lune se lève et darde en pleine figure:
Des contes de fée surgissent devant mes yeux;
Un voile d′argent enveloppe de sa parure
Les champs, le ciel et la flambée des eaux.
Un cor de chasse résonne aux alentours,
Toujours plus près , doucement et mystérieux…
Parmi les feuilles séchées, les cerfs si beaux:
Il me semblait entendre leurs troupeaux.
Le vieux tilleul s′ouvrit comme par un charme:
Et en sortit, d′un coup, une jeune princesse.
Ses yeux, comblés de rêves, étaient en larmes,
Son front était voilé d′une soie épaisse.
La bouche entrouverte, elle s′incarne,
S′avance à petits pas, avec souplesse,
Comme par un somme, vient sur la pointe des pieds
Et soupirant, s′assied juste à côté.
Et elle était si belle, pareille à l′ange
Qui, descendant du ciel, comme dans un rêve,
Un ange radieux et doux comme une image
Qui, devant toi, une seule fois se lève.
Ses cheveux dorés et souples tels un nuage,
Ses blanches épaules, sa nuque blanche relèvent,
Et à travers ses fins habits en soie,
Toute la blancheur du corps transperce, se voit.
PESTE VÂRFURI (1883)/ AU-DESSUS DES CIMES
La lune passe au-dessus des cimes,
Et la feuille du bois frissonne,
De par les rameaux de l′aulne
Tristement, un cor résonne.
Et toujours plus loin il sonne,
Il résonne toujours plus bas,
Consolant mon âme en proie
A l′amour, d′ aller au-delà….
< – Que te tais, toi, quand mon cœur
Tout ravi, remonte vers toi?
Vas-tu faire sonner le cor,
Doucement, un jour, pour moi? >
LA STEAUA ( 1886)/ JUSQU ′ A L′ ETOILE
Jusqu′ à l′étoile qui a jailli
Il y a une route si longue,
Que des milliers d′années a mis
Sa lueur pour nous rejoindre.
Elle s′est éteinte depuis longtemps
Dans le lointain bleuâtre,
Mais c′est à ce moment seulement
Que son éclat se montre.
L′icône de cette étoile mourante
S′élève au ciel, doucement:
Bien que visible, elle s′absente,
Elle n′y était qu′apparemment.
Quand la passion, pareillement,
Dans la nuit noire s′ éteint,
L ′éclat de cet amour mourant
Nous poursuit même à présent.
CRITICILOR MEI (1883)/ A MES CRITIQUES
Des fleurs – y en a beaucoup,
Mais qui donnent des fruits … qu′importe?
Elles demandent d′entrer en vie,
Mais flétrissent toutes, mortes.
Des vers – c′est facile d′écrire
Quand on n′a plus rien à dire,
Tout en enfilant des mots
Qui raisonnent par leurs queues.
Mais quand notre cœur se ronge
Dans des vœux et des passions,
Dont les voix, notre conscience
Est prête à donner raison,
Comme les fleurs devant la vie,
Elles demandent d′entrer au monde,
Frappent aux portes de la pensée,
Veulent des formes qui correspondent.
Pour tes peines et tes soucis,
Aussi bien que pour ta vie,
Où crois-tu trouver les juges:
Les yeux cruels, de froid transis?
Oh ! A ce moment on croit
Que le ciel tombe sur la tête:
Où peut-on trouver le mot
Que la vérité souhaite?
< – Vous, critiques, fleurs infertiles
Incapables de produire –
Des vers – c′ est facile d′écrire
Quand on n′a plus rien à dire.>
ODA (IN METRU ANTIC) – ( 1883 )/
ODE (DANS LE METRE ANTIQUE)
Je ne croyais jamais apprendre à mourir;
Eternellement jeune, drapé dans mon manteau,
Mes yeux regardaient d`un air rêveur
L’étoile de l’isolement.
Te voilà d`un coup, surgir à ma rencontre,
Toi, souffrance, douloureusement douce…
Jusqu’ à la dernière goutte je bus la volupté
De la mort inclémente.
J`ai pris feu tout vif, torturé comme Nessus, Ou comme Hercules empoisonné de ses fringues;
Mon feu ne se laisse pas éteindre ni par la mer
Et ses eaux.
Je gémis tout en proie à mon rêve dévorant,
Sur mon propre bûcher je fonds en flammes...
Pourrais-je en ressusciter lumineux comme
L’oiseau Phoenix?
Que les yeux troublants périssent de mon devant, Triste insouciance, revienne dans mon âme;
Pour que je me meure tranquillement, rends-me
à moi-même !
DINTRE SUTE DE CATARGE (1880)/
PARMI LES MATS QUI PAR MILLIERS
Parmi les mâts qui par milliers
Quittent les ports et les rivages,
Y en a combien qui sont brisés
Par les vents et par les vagues?
Parmi les oiseaux de passage
Qui survolent mers et champs,
Y en a combien qui sont noyés
Par les vagues et par les vents?
Que l’ on chasse ou non la chance,
Que l’on chasse les idéaux,
Où qu’on aille, on nous pourchassent
Et les vents et les flots.
Mais l’esprit qu’anime tes chants
Reste confus expressément,
L’accompagnent en murmurant
Et les vagues et les vents.
REVEDERE (1879)/ REVOIR
Petit bois, mon bois joli,
Comment vas-tu, mon chéri,
Car depuis que je t’ai vu
Bien des chemins j’ai courus,
Et depuis mon éloignement
A passé beaucoup de temps.
– Quant à moi, depuis toujours,
Moi, j’écoute tour à tour,
En hiver, l’orage rompant
Mes branches, sources bouchant,
Ensevelissant sentiers,
Et chassant mes chansonniers;
Et puis, tout à mon gré,
J’écoute ’’ doïna’’ d’été
Dans la route, vers la source,
Que j’ai donnée à vous, tous,
Femmes remplissant leurs seaux,
Me la chantent près de l’eau.
– Petit bois aux eaux tranquilles,
Le temps passe et s’enfile;
Toi, bien jeune que tu sois,
Tu te rajeunis, toutefois.
– Temps… qu’importe, si les Ourses
Brillent toujours dans mes sources,
En saison mauvaise, bonne,
Le vent bat, la feuille frissonne;
Soit mauvais ou beau le temps,
Le Danube coule doucement.
Seulement l’homme inconstant
Par le monde va errant,
Alors que nous nous tenons
En même lieu restons:
Même mer, mêmes rivières,
Même monde et déserts,
Même lune et soleil,
Mêmes sources, bois pareil.
SOMNOROASE PĂSĂRELE (1883)/
PETITS OISEAUX EnsommeillÉS
Ensommeillés, les oiseaux,
Volent, s’assemblent à leurs nids,
Et se cachent dans les rameaux –
Bonne nuit !
Endormies, les sources soupirent,
Et le bois noirci se tait;
Les fleurs dorment dans les jardins –
Dors en paix !
Le beau cygne passe sur les eaux
Et se couche dans les roseaux –
Que les anges soient tout près,
Sommeil beau !
Dans la féerie nocturne
S’élève fière la lune qui luit,
Tout est rêve et harmonie –
Bonne nuit !
Prezentare si traduceri în limba francez ă de CONSTANTA NITĂ
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