POEME ROMÂNESTI ÎN LIMBI STRĂINE

    

 

Mihai EMINESCU

À mes critiques

Tant de fleurs sont, mais peu d’elles
Donneront au monde des fruits,
Toutes frappent  à la porte,
Mais beaucoup restent affaiblies.

C’est facile écrire des vers
Quand on ne peut rien parler,
Alignant des paroles vides
Qui vont renuer la queue.

Mais quand ton âme tourmente
Quelqu’ ardents, âpres désirs,
Et leur voix ta bon sagesse
Reste bien les accueillir,

Comme des fleurs en huits d’la vie
Frappent aux portes des pensées,
Tous prient l’entrée au monde,
Les vêtements du parler.

Pour tes propres passions,
Pour ta vie trop personnelle,
Où vas-tu trouver les juges,
Les yeux de gel cruels ?

Ah! Il te paraît alors
Que le ciel croule sur ta tête :
Où vas-tu trouver le mot
Qui la bonne foi fait connaître ?

Vous critiques, aux fleurs désertes,
Qui n’avez porter de fruits –
C’est facile écrire des vers
Quand jamais on n’a rien dit.

(Editia 1 Maiorescu, decembrie 1883)

 

Le soir sur la colline

Le soir sur la colline le cor sonne affligé,
Les troupeaux l’escaladent, les étoiles brillent dans les près,
Les eaux pleurent, clairement en fontaines jaillissant ;
Sous un acacia, mon aimée, ce soir tu m’attends.

La lune dans le ciel passe si claire, sacrée,
Tes grands yeux fouillent le feuillage clairsemé,
Les étoiles naissent humides sur la voûte sereine,
Ton front de pensées, ta poitrine de l’amour est tout pleine.

Les nues coulent, les rayons les fendent à la file,
De vieux auvents lèvent les maisons dans la lune,
Craque dans le vent la balance des fontaines,
Fume la vallée, les flûtes dans l’étable se pleignent.

Les hommes fatigués, la faux sur l’épaule, rentrent des champs;
Et les coups dans les couvents sont bien plus grands,
La cloche ancienne remple de sa voix la soirée,
Mon âme brûle d’amour comme la flamme en clarté.

Ah ! Tout à coup le village dans le val perd sa voie ;
Ah ! Tout à coup mon pas se dépèche vers toi:
Près de l’acacia on va demeurer la nuit entière,
Des heures et des heures je te dirai combien tu m’es chère.

On va appuyer nos têtes l’une vers l’autre
Et souriant on va bien dormir sous le notre
Vieux acacia .  – Pour une telle riche nuit,
Qui ne donnerait vraiment toute sa vie ?

(Convorbiri literare, 1 iulie 1885)

 

Pourquoi tu ne viens pas

Tu vois, les hirondelles s’envolent,
Et les noyers quand même s’effeuillent,
Le givre sur les vignes déploient –
Pourquoi tu ne viens, pourquoi ?

Oh, à nouveau viens dans mes bras,
Pour que, avide, je te vois,
Pour appuyer ma tête doucement
Sur ta poitrine, sur ton sein !

Tu te rappelles ce temps-là
Quand on allait en haut, en bas,
Je te prenais bien sous les bras
Beaucoup de fois, beaucoup de fois ?

Dans ce monde-là y a des femmes
Aux yeux qui bien jaillissent des flammes…
N’importe combien sont élancées,
Comme toi il n’y en a jamais !

Tu rassérènes sans arrêt
La vie de mon esprit entier,
Que chaque étoile tu es plus belle,
Ma bien aimée, ma belle, ma chère !

Tardif automne est maintenant,
S’effeuillent les arbres dans leur chemin,
Les champs de blé sont des pampas…
Pourquoi tu ne viens, pourquoi ?

                            (Convorbiri literare, 1 februarie 1887)

   Traducere în limba franceză:  Coca SOROCEANU

     

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