v iorel horj (1941–2004)

 

iunie/ juin

 

Quel rire d’argent résonne à mes oreilles

En fleurissant les neiges de mes mains,

Faisant monter au ciel jardins qu’il ensoleille

Ainsi que l’isolement des eaux, dans les fontaines ?

 

Comment pourrais-je, à l’aide des cordes-lumières,

Jusqu’aux limites de mes amours, lier

Un doux pays de chant, une patrie chère,

Surgis soudain de ce rire argenté ?

 

Parmi les fruits, deux yeux profonds luisent

Et, dispersant un éclat de cristal,

Ils font mûrir les pommes et les cerises

En rayonnant le seuil estival.

 

Et dans ces yeux tant de candeurs palpitent,

Tant de soleil est né de ces paupières,

Que la journée, par leur lumière séduite,

S’écoule sans cesse et ne s’achève guère.

IULIE/ JUILLET

 

– Reine des fleurs,

Pourquoi laisse-tu

Verts souliers nus

Au devant des nues ?

 

Elles s’en vont, tu restes,

Au vent embaumé,

Le vert oreiller

A ton chevet.

 

Tu veux dépouiller

Tes grains agiles,

Lourds et fertiles,

Au ciel, dans ses prés.

Là-haut, ils virevoltent,

Pleinement séduits,

Par les futurs fruits,

En sainte récolte.

 

Aux pétales des fleurs,

Nostalgique, l’étoile,

De ses yeux dévoile

Une rosée - son pleur.

 

 

Lâché de ses tours,

Rêvant au revers,

L’entier univers

Y fait son séjour.

 

AUGUST/ AOÛT

 

Contrée abandonnée dans un doux chant ancien

Et retrouvée sous une étoile fière,

Sur le gravier d’une heure qui me retient

Pour essayer la flèche de la lumière ;

 

La feuille, les ondes fertiles sont au-delà

Et les dieux fermés dans les raisins ;

L’été spectral promené par ci, par là,

Par le silence perdu sur les chemins.

 

Le temps écrit sa pacifique chronique

Sur la surface parcheminée des eaux,

Les paresseux midis descendent du zénith,

Mûrissent dans les fruits et leurs noyaux.

 

Symbole nocturne, tout éclairé de pluies

D’étoiles, le scarabée doré luit,

Le nid dans les ossements des hommes de gloire :

 

Et c’est ainsi que le mois d’Août raconte l’Histoire…

 

 

SEPTEMBRIE/ SEPTEMBRE

 

Sous le blason d’automne les heures palpitent

Les joues rougeâtres semblent à des nimbes,

À croire que le printemps sans fin habite

Au gré de cette saison et qu’il y grimpe.

 

En rayonnant de son tumulte et rire

Le ciel de la rentrée très chaud et lisse,

Quand pour les yeux si clairs qui veulent écrire

L`espace céleste une feuille immense esquisse.

 

Vous regardez émus, à demi-paupière,

Votre veilleur rêveur, intelligent,

Du chemin qui vous conduit vers la lumière :

Le Maître de haute taille et souriant.

 

Car il écoute toutes les rumeurs des cœurs

Et sait garder vos petites idées secrètes,

Ce démiurge des mondes, ce créateur

Du monde des chiffres, des histoires, des éprouvettes.

 

Et, à côté des grands, les petits déferlent,

Tous purs et sveltes tels les fleurs printanières,

Accomplissant les harmonies stellaires

Comme dans une symphonie de la lumière.

Version française par Constanta Nită

 

 

 

 


Home