Alexandru MACEDONSKI  



     

Rondel des roses qui s’éteindent

 

Rondel des roses qui s’éteindent

Dans les jardins et dans moi-même
De vie quand-même étaient-elles pleines
Mais ce jour-là si douce s’restreindent.

En tout on sent un frémis saint
Et dans chacun y a teint blême
Le temps des roses qui s’éteindent
Dans les jardins et dans moi-même .

Et sous un attristant déclin
Coulent les soupires en foules pleines
Quand dans la grande nuit qui vient
Leur front se penche en chagrin
Le temps des roses qui s’éteindent.
(cf. vol. Poema rondelurilor, 1927, apud Versuri si proză, Ed. Albatros, 1987. Antologie, studiu introductiv, tabel cronologic de Mircea Anghelescu. Texte stabilite de Adrian Marino)

Sous les étoiles

               Dans la nuit haute

Qui est tombée sur la nature

On aperçoit par la verdure
Stellaires abîmes qui tressautent.

               Entiers systèmes

De  nébuleuses  sidérales

Se lèvent parmi les mondes spectrales
Comme pâles crysanthèmes.

               Vers elle tout droit

Les mitrailleuses de la pensée

Avec énorme fermeté
S’en vont à pas.

               Mais la nuit haute
Qui se disperse fermement
S’en va pas très rapidement
D’un monde à l’autre.
                                               ( cf. Excelsior,  vol. Versuri si proză)
Au hasard (La întâmplare)

Sans doute, je suis un pauvre fou…

Le monde a donc sa nature
Et moi, je vis l’histoire pure,
Je suis pas bon presque partout…
Sans doute, je suis un pauvre fou.

En vain j’ai des enfants, maison…
Je m’sens le même qu’y a long temps,
J’haïs sur place, j’aime à l’instant,
Et il m’opresse, mon destin bon…
En vain j’ai des enfants, maison.

Quoi que ce soit, ainsi qui suis
Toujours j’ai une caresse :
C’est mon mystérieux avis,
Savoit que vers tombeau j’m’en presse
Etant celui-là qui je suis.
                                                               (Excelsior, 1895)

 

   Le déclin

D’une pâleur bien cendrée

Quand le déclin est entouré
Dans la funebre soirée
Je dis sans être chagriné :
Salut,
Ciel élevé
Et étendu
               Etoufé .
               Etoufé
Et étendu
Ciel élevé
Salut,
Je dis sans être chagriné 
Dans la funebre soirée
Quand le déclin est entouré
D’une pâleur bien cendrée .
(cf .  Versuri si proză/Vers et prose,
cap. Periodice si postume/Périodiques et postumes, pag. 101)


   Le chant de la pluie

 

Il pleut…il pleut.
Il pleut tant qu’on en peut .
Avec la pluie qui tombe m’oprime
L’ancienne douleur et la jeune…
C’est triste en déhors, comme chez moi…
Il pleut, il déchoit.

Il pleut…il pleut.
Il pleut tant qu’on en peut .
En vain veulent des chansons rafinées
Comme les fleurs humides de rosées
Les heureux à jamais…
Il pleut, il pleut.

Il pleut…il pleut.
Il pleut tant qu’on en peut .
Mon être et mon sentiment
Souffrent et pleurent tous les deux…
La vie suit son acharnement…
Il pleut, il pleut.

Il pleut…il pleut.
Il pleut tant qu’on en peut .
En vives crépites comme des cris
Fende en deux mon esprit
Le chant de la pluie de pépit…
Il pleut, il pleut.
(cf. vol. Fleurs sacres, 1912)
En français : Coca SOROCEANU

 

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