Nichita STĂNESCU


La patrie

Le sentiment du soleil se levant
avec la plus suave plainte de la flûte,
l’arbre sous lequel je me suis embrassé tout d’abord,
la voûte, la grappe à mille grains de raisin,
le sourire bien fort de mon père,
mon premier chevea grisonné
et l’allure fière de l’adolescente,
les tiennes sont, Patrie,
depuis toujours.

Cette faucille à moi et ce marteau,
l’épi de blé aussi joli que la
moustache du berger de la ballade,
ces tours de forage qui causent avec
le coeur de la terre
et cette dignité des sapins
en écrivant ton nom sur le ciel,
les tiennes sont, Patrie,
depuis toujours.

Qui c’est moi? Sonne tes plaines…
Qui c’est moi? Caresse tes monts…
Qui c’est moi? Contemple tes villes…
Qui c’est moi? Regarde tes usines…
Qui c’est moi? Flaire tes herbes…
Qui c’est moi? Ecoute tes printemp…
Qui c’est moi? Regarde-toi-même.
Le tien je suis, Patrie,
depuis toujours.


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