POEME ROMÂNESTI ÎN LIMBI STRĂINE

Ion PACHIA-TATOMIRESCU

La protubérance ensommeillée du soleil
et mes mémoires multiples… (holo-poème)

À Madame La Poète, Claudine Bertrand,
et à monsieur prof. univ. dr. Endel Tulvig,
le fondateur du concept „mémoire multiple”

Mémoire multiple est comme Ta main, Bon Dieu,
avec cinq doigts-comètes: le doigt épisodique, le doigt sémantique,
le doigt procédural, le doigt perceptif et le doigt professionel...!
Je Te remercie, Bon Dieu, parce que Tu permets
m’arrêter à califourchon
sur cette protubérance ensommeillée du soleil,
même à Ta droite ...!
D’ici je vois bien la Terre,
et je la choisis, Bon Dieu, entre deux respirations,
pour l’éphémeride d’esprit,
pour le frémissement des océans de neurones ...

De quelle manière Tu respires, Bon Dieu, une seule fois
à soixante-dis millions ans bourgeonnés, feuillés,
          épanouis, en donnant une bonne récolte, ou bien fanés,
dorés en airain, en or, en argent, en tout ...!

Examinée de près, Bon Dieu,
la Terre est comme un chou bouffant,
avec sa racine magnétique enfoncée profondément,
dans la base de ma protubérance,
avec les feuilles périphériques batues par le vent solaire,
avec des hommes-pucerons blancs, jaunes, rouges, noirs,
avec les limaces abandonnées par leurs coquillages,
avec des taupes-grillons, avec des carpes, avec des aigrettes,
parmi les feuilles du centre-crîne-chauve,
tête s’en solidifiant, en l’îge mûr,
entre les rayons sublimes, rongés de papillons –
des rais-scieures en coulant
dans le sommet de la tête du chou-Terre, en flambant quelque chose,
en commencent à mûrir quelque part...

Bon Dieu, parmi les feuilles du chou-Terre,
il y a tant de grouillements, il y a tant de mort
en découlant immédiatement de toute naissance ...!
Le mouvement des feuilles, la panique soulevée
par le vent assourdissant,
par les gouffres bîillés entre hommes ...!
Réfléchis, Bon Dieu, repenses-Toi,
dans les feuilles du chou-Terre …!
Au nom du ciel, les goutelettes de rosée en culbutant
sur les nervures des feuilles, à l’aube,
signifient cataclysme,
avalanche, le ravage d’une vallée,
ou bien le désert des alpages
de ce paysage –
puisque le tremblement de chaque feuille est le séisme
en assombrissant l’étoile,
c’est le semeur des abîmes ...
Tu pourrais cesser de marcher un instant
en repensant la lumière véritable, droite, Bon Dieu,
voir pour le chou-Terre ...!

Les assiettes-volantes, les disques de la pensée sauvage,
Bon Dieu, qu’est-ce qu’ils recherchent dans le chou-Terre ...?!?
Attentif aux circonférences des pierres,
je constate qu’elles sont enceintes, Bon Dieu,
après tant de déluges,
au-dessous de l’arc-en-ciel s’en flétrissant…
Je sais que Tu veux mon regard éloigné
comme de l’homme dans  les aubes des histoires, mais ...
Moneasa, le 28 juillet 1991

Traduction par Ioan CIRSSIA