POEME ROMÂNESTI ÎN LIMBI STRĂINE

Virgil PANAIT     



La dépossession de temps

à moi cette fin de siècle lorsque le coeur
du poète peut être jugée pour

port interdit de sentiments et l’attaque
de coeur par correspondance n’est plus

une nouveauté
lorsque la mort au lieu de fauche porte un petit tablier
apprêté à

dentelle à moi comme je vous le disais cette
fin de siècle ne me dit rien

***
holà mélanie mais comme je te disais
le titre du poème ne fait d’autre chose
qu’exciter le texte le démasquer
le faire adopter par l’arène
de l’hypnose que lui limiter
la vibration il ne fait d’autre chose
qu’affronter le réel substituté de l’auteur

(la note de lecteur: le titre du poème est
seul perfide et saigne)

***
il fait si chaud que même l’autobus
transpire par les seins flasques de la taxatrice

à cause de l’ennui j’essaie de conjuguer la douleur
avec l’humor de l’espoir comme d’habitude

je vis un maintenant captif qui me dépossède
de temps en me poésiant (me sauve
quand même la pensée qu’au bout du chemin
tu m’attends, toi, comme une coupe déchirée par la soif)

***
on vit peut-être un siècle de la poèsie
écoute ma bien-aimée tes cuisses réciter
mortua est de M. Eminescu la feuille de papier
écrit en vers blanc les mémoires et
le boucher du coin cultive le poème
court (je viens tout de suite
    on reçoit de la marchandise etc.)

Donc allons allumer le ciel à l’aide d’une citation
d’amour du poète bacovia

***
que serait-ce par hasard si eux les mots avaient
des yeux et nous regardaient et pleuraient

et l’été portait des lunettes de soleil noires?
            cela pour
ne pas voir ]que pour nous le désespoir est un
art condamné à l’âme que serait-ce par hasard
si eux les mots cessaient d’être une

radiographie de l’état de cri, un défi
intérieur de l’image (la note du lecteur:
exactement ce qui serait)

***
feuille verte de clémence
on pourrit d’indifférence
et vert absinthe à bel épi
embrasse-moi afin que je sourie

feuille verte de pierre
le réel est sur mes erres
et m’abois sans nul répit
embrasse-moi afin que je sourie

***
qu’on se donne l’âme aussi voilà
l’apogée de la peuvreté

malheur à nous boursiers dans l’utopie de la douleur
et de l’exaspération que nous sommes

***
regarde ce poème comme un
démaquillant made in utopie qui

peut effacer toutes les douleurs du monde
au comme un appareil à laver à la minute

les péchés regarde ce poème
(une solitude en double exemplaire)

et donne-lui
ton nom

***
moitié de moi es tu comme une
cité éleusis mise par les poètes aux
enchères moitié même
le temps intérieur du redoublement
        et ce qui reste

encore est l’être

***
ainsi que les pensionnaires compétitifs puissent
inventer n’importe quand la machine à mettre les nerfs

des autres sur les bigoudis ainsi que le poète
peut extraire radical de la tête carrée de

la réalité un beau jour (pourquoi pas) on
arrivera sans doute à prendre des leçons d’amour

des soldats de plomb ou de cirre

***
tout este de regarder la femme comme
la crainte même de l’infini de solitude

tout est de savoir que rienne commence se
termine que personne ne peut prononcer

exactement la tragédie de la chance d’être mot
(la note du lecteur: tout est de comprendre que

sans mensonge la vérité serait beaucoup
trop conventionnelle)

Traducere de Ion ROSIORU


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