POEME ROMÂNESTI ÎN LIMBI STRĂINE

 

Al. PINTESCU

 

Les frégates de l’air

Matin cassant de décembre.
Irisations solaires de neiges.
Myriades d’épées opalines.
Une porte claquée. Murmure de voix.
Un portillon bougé par l’air raréfié.

De loin parvient une voix
fixée aux coins du Souvenir :
regard vitreux
sous le duvet espiègle.
Silence quaternaire.

Où se sont dissipés
les bruillards insomniaques ?

 

Faix

 

J’ai jeté ensuite

le peigne,
le grès,
la plume,
mes années entêtés,
le père,
la mère,
les frères, les soeurs,
la soie de l’araignée,
les neiges,
de tous les faix
je me suis débarassé
comme un bébé
baigné.

 

Horror vacui

Agenouillé à la balance des sens,
penché sous les interrogations
comme le chroniqueur de l’époque
se trouve sous le temps…

Tiré en cordes par des grues
comme un acrobat
dans le saut mortel
au trapèze.

Cricifié entre Scylla et Charybda
piqué par les épines de l’Espérence
comme par des syllabes hostiles
on flotte comme une navire cassée
dans la Mer de la Sérénité…

Zénith

 

La lune goulue

est sur le corniche :
le calme doux
en relent de ciguë
est siroté par les vieux
malades de goutte.

Le Soleil étourdi
se promène à travers les champs moissonnés
(les lézards verts le regardent
n’osant plus
bouger).

Sur l’étang s’envolent
les foulques et les hérons.
Dans les choses,  constamment
se rangent les ans…

 

Abside

C’était une foule vide flottant dans le vide du pouvoir
comme dans un gigantesque halo d’une être
incommensurable : jusqu’au Balcon
ni même avec la balle comme un cou d’oiseau
ne pouvaient-ils arriver…
Ce n’est que l’œuf de pigeon coomme une émanation
céleste qui s’est implémenté
dans la tête du savant.

Une maladie chronique nous achète et nous vend
Des spirales de confetti comme un spaghetti
(on s’écrit avec double « t » comme une marque de pistolet sovietique) ; le soldat blessé masturbe
près d’une statue avec le visage en craie
(Que ce soit une cariatide ? Que ce soit une silphyde ?)

Un brouillard syphilitique se pose sur les dunes,
on entend une voix comme dans une parabole :
– Mène-nous ! Mène-nous ! Mène-nous !
Le brouillard venait de Chitila :
est-ce que l’Aveugle est-il arrivé à Braila ?

La mariée avec le voile noir

Peut-être qu’elle n’était pas de mariée
dans le vrai sens du mot :
peut-être n’était qu’un parfum
et le voile n’était qu’un journal
avec un cadre noir ou un arabe
flottant à travers les nuages transparents
déchainés par les jets de mines.

Mais j’aime croire que c’était
la mariée avec le voile noir avançant
appuyée par tous les souvenirs de l’enfance
vers le rocking –chair de noce où
un chat paresseux passait son temps ;
sous le portail, la mélancolie l’attendait
avec tous ses accessoires fourrés
et l’arabesque des plis noircis
par les vignes était comme les vagues
pétrifiées dans un rucher éternisé
dans le miel comme le pain béni de la liturgie
de commémoration…
Concrets n’étaient que les estropiés, si nombreux
que toutes les guerres semblaient
se passer dans cette ville-là
et que les fous avaient échappé de l’asile
revêtés dans les habits apportés
par un routier connaisseur
d’un seul mot, lui aussi incompris :
– Yes !

 

Limb

… reverberant un calme arôme clorothyque
l’eau béni  - le vin au sang falernique
hostile rhut jumeau avec les sens
son écrasé dans une trouée et cuivre jaune
dans l’heure endiablée de brumes alpines
fardé par un soleil soupirant en ruines
de crêtes dévalées en frange
sous l’horizon tranquille en jaune et en orange
formation pédestre de règnes et de supplices
parmi les épithéliums agitant les calices
de miel qui, comme le poison, en grottes égoutte
comme la mer écumante qui balaie encore l’etrave
on dirait que sur le mât sont sculptés les albatros
comme l’espérence vague qu’on nourrit en large et en haut
car la rive est prés et on sent comme un faix
ton amour défunct comme dans les temps passées
enchaînés en passions avares indigènes
les spartans lançaient sur des roches tarrpéenes
d’impuissants nourrissons qui jamais ne tiendront l’épée
qui l’Elade a fait-elle trembler :
o, trace princière creusée dans le basalte voix de condor qui s’élevant tout en haut
parvient là où le monde oublie bien sa loi
et le mortel oublie les démons et les dieux…

 

Traduceri de Claudia PINTESCU

 

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