Vasile PROCA



A Dieu

En chantant par les flammes beues
en transfigurant fous ce qu’on voit
les saints se fusillent dans les cieux
et Démon taille leurs croix.

leur foi foule la terre accablée de mollesse
comme un boiteux comme un arlequin
en défaisant des cordes de tristesse
dans un monde englué dans le spleen elle plaint

au fer-blanc de son front accroché
le saint dans ton avenir fait ses voeux
comme les gens le siècle naît péché
ô les gens jouent à Dieu!



La cendre de péché

A ce silence s’est pendu le mot amour
et lundi et mardi et mercredi et jeudi et vendredi et samedi
et quand même dimanche dans la corde du silence a été trouvé
l’ange...

creuse profondément dans la cendre du péché et reste l à:
peins la honte sur le vase dans lequel
boit le Grand Homme la goutte
d’eau de jouvence

„le disque signifie onanisme” –
psalmodie le Divin Chef d’orchestre
accablé d’orgasme

et l’orgasme signifie réflexion
dit pour la dixième fois le fabricant de bougies
aveuglé par la luisance de cette hanche divine

en tremblant il caressait cette hanche meurtrière


Pluie aux saints et cloches

Réjouis-toi, schizophrénie de mon temps –

tu es un grand pain chaud
je me promène par ta buée
comme dans une énorme salle d’attente
avec les lèvres de la pauvreté je t’embrasse
et jour de jour j’écoute mon aboi
d’effrayante vision

réjouis-toi, vie misérable lorsque tu me réveilles –

le nombre des enfants du diable a augmenté
et ils veulent voir
comment les poèmes vendent leurs entrailles en pleine rue
et puis ils t’enverront des nouvelles:
que les églises déambulent par éther
par une pluie aux saints el cloches


KRK (La deuxième lettre de l’île)   

– Apprends que je suis plus triste que mon dernier jour
qui attend ailleurs et je sais que cela
s’appelle autrement: le ciel déchiré par le blanc des croix
penché vers toi

... naguère nous grimpions les corps sales mutilés:
nous grimpions sur la dignité du brin d’herbe:
comme des Christs plus haut de pensée: une fange
de corps en se tourmentant de la hauteur du Regards, des yeux

... je suis plus triste que le corps qui tombe en se cognant
contre l’agitation de quelque chose de blanc: oui il y a une absence
qui beaucoup trop vite me trouble:
comme si je regardais l’histoire figée dans les statues

voici je suis l’aveugle en tâtonnant par ma mort

... plus triste que moi mon ic ône qui reste
oubliée à c ôté de l’image de Lénine: maintenant je découvre
celui qui ne connaît plus son Dieu.


La larme de l’oiseau

– On m’a demandé que je dessine un cercle ou une
croix avec mes pas: avec mon dernier pas que je mesure
l’espoir (je me dis) qui n’existe pas:
range la terre au-devant toi (je me dis) comme une
présence que tu attends: que tu marches à pas lourds
par l’hiver ennuyé de son blanc:
comme tu souris joliment en errant parmi les vérités oubliées:
ainsi on te trouve difficilement quand tu passes directement
par un couer

... je demeure au-dessus de moi (je me dis) et j’écoute la chanson
jaune des Tibétains: et je pars: et je pars         et je pars        et je pars
afin d’amener les pluies: je prépare le rythme de mon être
et dans ce but il faut que j’écoute ce que disent
les fontaines: je me sens comme une partie de la nature:
comme tu souris joliment disent les bourgeons de la larme
de l’oiseau.

Traduceri de Ion ROSIORU

 


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