Radu STANCA    


Finister

Voici la question qui me rompt les silences:
Si je meurs, je réchappe de toute suffrance?

Si je passe le Styx, l’eau des nuits, froide et sombre,
Vas-tu m’oublier, toi, démon des ombres?

Nulle réponse. Et la question va croissant:
Si je meurs, que deviendra mon temple d’argent,

Ma maison, ma souffrance d’enfer
Va-t-elle tomber, comme le voile de nymphe, en poussière?

En vain cherche-je, comme les scaphandriers, l’infini,
En vain carde-je la quenouillée de la nuit-

Incessement la question m’agace:
Si je meurs, qu’est-ce qui se passe au tombeau,
        qu’est-ce qui se pasee?

J’y demeure oublié et chargé de péchés
Ou Hécate me fait évader par un’ porte cachée?

J’y demeure immobile, étendu, en plein froid,
Ou un messager mystérieux me conduit dans le grand au-delà?

Nul signe. Toujours me déchire l’écho sans merci:
Si je meurs, ça veut dire que je suis guéri?

Si je meurs, monte-je par hasard dans les sphères
Où règnent, endeuillées, les Chimères,

Où comme nulle part sur la terre elles pleurent,
Les filles qui se déchirent le coeur,

Qui portent des cruches et s’approchent, pressées,
Pour oindre mon front, ma poitrins, mes pieds?…

Traduceri de Ion ROSIORU


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