Amelia STĂNESCU
Le matin j’écris des livres
sur les vies de mes amis, fumées
par les mots par les verres jetables
qui raclent le tympan quand on les serre dans la main
sur la trace qu’ils ont laissée aux sentiers pavés
lorsqu’ils cherchent leur tentation
sur les longues nuits hippies j’écris sur les crêpes de
vama veche en-soi-roulées une pour deux
sur le regard caché au coin des yeux
quand la compagne ne t’aperçoit plus
et tu peux te baigner dévêtu d’illusions dans
les vagues vagues lutter dans le sable pour l’amour
le chasser comme un animal de proie
le sacrifier pour l’amour de l’art de faim de soif
sur l’aube à gueule de bois et à douleurs dans les côtes
j’écris
et sur tous les compliments égratignés sur le rivage
et abandonnés parmi les oliviers sauvages que
personne ne salue plus
le lendemain.
La femme poème
savoure au calme sa tisane de pomme et de cannelle
le croissant à duvet d’amande
derrière elle un écran rougi
vend ses coquelicots aux enchères
un harmonica écrase des sons d’émotion
caramel, le vers que j’attendais
se déséquilibre sur ses lèvres
tombe, se brise en mille voyelles et...
il n’en reste que le titre (de nouveau!)
sur le garçon du rêve
et la femme poème
au sac plein d’illusions vaines
et beaucoup de chansons.
***
Quand j’ai réalisé qu’entre nous les paroles
gisaient mortes dans la flaque des accessoires de théâtre
vivement coloriées
quand nous nous sommes convaincus que nous avions tellement
d’idées sur nous-mêmes, mais dé-constructivement différentes
nous avons abandonné notre sourire,
nous avons déchiré la nuit de nos cuisses
et nous avons mordu un peu de l’un de l’autre avec haine.
un dernier souffle, oui, c’est tout ce qu’il en reste
les boucles de la tristesse aux oreilles
la lèvre du baiser enflée
a-famélique vaincue.
(poeme din volumul Couvertures de pluie / Asternuturi de ploaie, în curs de aparitie la Editura Brumar, Timisoara, 2012)
TraducerI în limba franceză de Mădălin Rosioru