Lucian VASILIU
You are the railway I keep running on
with a lantern
to light the bars
I count.
There is one more million bars
up to you,
ready to tear me,
jealous, anarchic -
one million panthers
I remember:
your glasses made you look
like a village
docile teacher
I do not know
whether we said important things….
Your name were Beatrice -
you were good-looking and uncertain
as a sentence written by Nietzsche….
Vertical and Horizontal
Tall are the poplars,
taller than
the tower of Pisa,
taller than
the high-and-mighty faces
at the banquets
you look like the editions
bound in leather of leopard
at Lagarde Publishing House
Every evening
the dark tills
in our harbour area.
I am the innocent, thin and pale
as an ashen evening in my Mother’s sky.
She has laid in my hand
the silvers of death
I am the innocent
and I obey only Mr. Eminescu.
He has run the gold spear
through my heart
So
my mouth begin uttering
the first psalms among the hyms
So
I have come to name the tear first
and then to shed it
Just like you
I listen
to the song of the wounded nightingale
just like you
I have a wound on my hard palate
just like you I know humiliation and fear,
ecstasy and joy
just like you
I smoke my dead brother’s cigarettes
Only my mouth is
the Mouth of the universal disorder
Mother walks on
through the shadows
of blood
One can hear
the choir
of the twelve blind men
It is night, one more night
The Euphrates
flows through my fingers
along with all its drowned people
From Lucian Vasiliu (2003) Atelier de Potcovit Inorogi.
Colectia DICTATURĂ si SCRIITURĂ. Editura Junimea, Iasi.
Traduceri de Olimpia IACOB
Étoiles froides et précaires
Cette nuit: ma mémoire fut amère.
L’accès de toux et de rhume
du poète le turbeculeux, mon ami,
passait à travers des vocables dorés.
Soffle moribond au chevet d’une chimère.
Corps dévêtu dans la lumière des étoiles froides et précaires.
Je dirais: je ne connais pas joie plus désespérée
que ton existence
Entre temps: baptêmes, mariages, enterrements.
Entre temps: quelqu’un me tranche les veines
d’elles s’envolent des flamants roses
Yoga
J’écris sur le toit d’un glacier
la nuit, je casse du bois pour une ancienne actrice de cirque
J’adore la syntaxe confuse, l’incongru.
J’écris jusqu’à épuisement,
au nom d’un manque de prudence aigu.
Je pratique le yoga entre les lettres L et V.
saturé de conventions, d’inertie et de certitudes.
Je monte à cheval sans pouvoir en descendre,
je signe des traités de paix avec les chérubins,
je pénètre dans votre chair avec les plombs
„je serai toujours ce que le verrai”.
Peroraison
Je pourrais chanter le lys diaphane.
Je pourrais vous tordre le cou avec une métaphore.
Je pourrais m’occuper d’hymen.
Je pourrais vous séduire avec des vocables alléchants.
Je pourrais vous charmer avec une cheville de femme
que Shakespeare a aimée
et que Jésus a connu en son temps
Mais rien de tout cela.
Et tout de cela:
je tire le plaid de campagne sur moi
j’attends les nouvelles
et je rêve
d’une alerte!
Section
demain sera hier. A minuit
je tranche le coeur:
1. Je vois le visage de la mère dans l’icône
d’une église lointaine
2. La province accuse des douleurs lombaires
3. Ma maîtresse m’offre l’écharpe,
mais mon corps n’est qu’une chimère
parmi des chacals et des hyènes
4. Après sa première nuit d’amour
le frère
fait sauter le dépôt de munitions
5. Cloche que nul ne fait retentir
6. Un autre Petre Eremitul
conduit son troupeau vers Alep
7. Je reste muet dans ma propre langue
Mona-Monada
(XI)
En ton absence je me trouve dans le ventre
de citerens vides, dans une obscurité aberrante –
je rase les murs noircis
j’écoute le tintement des cloches,
j’écoute le passage des trains de marchandises vides
à travers le champ désertique,
dans cette chapelle abandonnée,
dans ce silence ossifié,
dans ce wagon garé sur une voie de garage
Je m’enfonce lentement
dans le primordial des nuages, dans mon propre sang
je lis la rubrique des décès
Age de l’imprudence, gare désertique:
le coeur bat insoumis,
le coeur est une poignée de bitume,
une cave –
qui à peine se rappelle de moi
Mona-Monada
(IX)
J’aimerais parler de la cendre de tes yeux
crépusculaires. C’est pour eux que j’ai dressé les paroles
sur la ligne de mire, pour eux les grenades, la pelle
Linemann, la croix en bois d’olivier.
Je m’agenouille au seuil de leur dimanche. Avec neuf taupes
en guise de doigts, dans l’obscurité compacte je te cherche,
dans le rapprochement de moi-même
Tes lèvres sont celles de la mère. Souvent, à travers tes yeux
j’aperçois le visage défiguré du monde
Nul ne sait, nul ne saura comment on pleure
avec tes yeux. Ma vie se mesure avec leur manière
de regarder les cendres, la trace du sang, la douane.
D’une part, eux, de l’autre le vide bien connu –
et par-dessus tout ça
le bras de l’immense horloge, froid et muet
Mona-Monada
(XIII)
La métaphore me transperce de son sabre.
La métaphore m’humilie.
Renverse mon bol séduisant de petits pois
Mon dieu, la cantonnier a cette bifurcation
arbitraire de sens
Bouteilles vides, anges à têtes brisées –
témoignages des nuits blanches.
J’entends dans les mauvaises herbes et dans la boue
le serpent glissant, comme il vient, le sombre,
nous apporter la nouvelle, nouvelle, nouvel, nouve
(le kayak nous renverse d’un coup)
Seuls tes seins
mouvants
m’offrent l’image du silence:
aveugle suis-je
au centre du poids du pendule
Traduceri de George ASTALOS
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